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Janvier 2025 : Le Baptême du Seigneur

Créée le samedi 04 janvier 2025



Livre d'Isaïe 40,1-5.9-11.


Consolez, consolez mon peuple, – dit votre Dieu –
parlez au cœur de Jérusalem. Proclamez que son service est accompli, que son crime est expié, qu’elle a reçu de la main du Seigneur le double pour toutes ses fautes.
Une voix proclame : « Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu.
Que tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline abaissées ! que les escarpements se changent en plaine, et les sommets, en large vallée !
Alors se révélera la gloire du Seigneur, et tout être de chair verra que la bouche du Seigneur a parlé. »
Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : « Voici votre Dieu ! »
Voici le Seigneur Dieu ! Il vient avec puissance ; son bras lui soumet tout. Voici le fruit de son travail avec lui, et devant lui, son ouvrage.
Comme un berger, il fait paître son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, il mène les brebis qui allaitent.


Psaume 104(103),1c-3a.3bc-4.24-25.27-28.29-30.


R/ Bénis le Seigneur, ô mon âme ; Seigneur mon Dieu, tu es si grand ! (Ps 103, 1)


Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !


Revêtu de magnificence,
tu as pour manteau la lumière !
Comme une tenture, tu déploies les cieux,
tu élèves dans leurs eaux tes demeures.


Des nuées, tu te fais un char,
tu t'avances sur les ailes du vent ;
tu prends les vents pour messagers,
pour serviteurs, les flammes des éclairs.


Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur !
Tout cela, ta sagesse l'a fait ;
la terre s'emplit de tes biens.
Voici l'immensité de la mer,
son grouillement innombrable d'animaux grands et petits.


Tous, ils comptent sur toi
pour recevoir leur nourriture au temps voulu.
Tu donnes : eux, ils ramassent ;
tu ouvres la main : ils sont comblés.


Tu caches ton visage : ils s'épouvantent ;
tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.


Lettre de saint Paul Apôtre à Tite 2,11-14.3,4-7.

Bien-aimé, la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes.
Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété,
attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ.
Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.
Mais lorsque Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et son amour pour les hommes,
il nous a sauvés, non pas à cause de la justice de nos propres actes, mais par sa miséricorde. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint.
Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance, par Jésus Christ notre Sauveur,
afin que, rendus justes par sa grâce, nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle.


Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 3,15-16.21-22.

En ce temps-là, le peuple venu auprès de Jean le Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ.
Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu.
Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit.
L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »


Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris


Commentaire de Pères, de Docteurs, de Saints


Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

évêque de Jérusalem et docteur de l'Église
Catéchèse baptismale n°3, 11-12 (Les catéchèses, coll. Les pères dans la foi n° 53-54 ; trad. J. Bouvet ; Éd. Migne 1993 ; p. 59-60 ; rev.)
Jésus a sanctifié le baptême et nous a divinisé


Jésus a sanctifié le baptême en se faisant baptiser lui-même. Si le Fils de Dieu a été baptisé, quel homme pieux mépriserait le baptême ? Or il a été baptisé non pas pour recevoir le pardon de péchés quelconques – car il était sans péché – mais il a été baptisé sans péché pour conférer une grâce et une dignité divines aux baptisés. Voici comment : « puisque les enfants avaient en partage une nature de chair et de sang » (He 2,14) pour que, participants désormais de sa présence corporelle, nous devenions aussi participants de sa grâce divine : de la même façon, Jésus fut baptisé afin qu’une participation de plus nous conférât à la fois l’honneur et le salut. (…)


Tu descends dans l’eau chargé de tes péchés, mais l’invocation de la grâce appose son sceau sur ton âme et ne permet pas que tu sois avalé par le terrible dragon. Descendu mort dans le péché, tu remontes vivifié dans la justice. Si en effet tu as été greffé sur la ressemblance de la mort du Sauveur, tu sera aussi jugé digne de la résurrection. Comme Jésus, en effet, a souffert pour avoir pris sur lui les fautes de la terre entière, pour qu’ayant mis le péché à mort, il te ressuscitât dans la justice, de même, descendu toi aussi dans l’eau, et, d’une certaine manière, enseveli dans les eaux comme lui dans le rocher, tu ressuscites « marchant dans une vie renouvelée » (Rm 6,2).


Homélie attribuée à saint Hippolyte (+ 236)

Sermon sur la sainte Théophanie 6-9; PG 10, 858-859.


Dès que Jésus fut baptisé, il sortit de l'eau; voici que les cieux s'ouvrirent, et il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et des cieux, une voix disait: "Celui-ci est mon Fils bien-aimé; en lui j'ai mis tout mon amour" (Mt 3,16-17).


Voyez, mes bien-aimés, combien nous aurions subi la perte de biens nombreux et importants, si le Seigneur avait cédé à l'invitation de Jean et n'avait pas reçu le baptême. Auparavant les cieux étaient fermés, notre patrie d'en haut était inaccessible. Après être descendus au plus bas, nous ne pouvions plus regagner les hauteurs. Le Seigneur n'a pas été seul à recevoir le baptême. Il a renouvelé le vieil homme et il lui a confié de nouveau le sceptre de l'adoption divine. Car aussitôt les cieux s'ouvrirent. Les réalités visibles se sont réconciliées avec les invisibles; les hiérarchies célestes ont été comblées de joie; sur la terre les maladies ont été guéries; ce qui était demeuré caché s'est révélé; ce que l'on rangeait parmi les ennemis est devenu amical. Car vous avez entendu l'évangéliste vous dire: les cieux eux-mêmes s'ouvrirent, pour les trois merveilles que voi ci. Il fallait ouvrir au Christ, l'Époux, les portes de la chambre nuptiale. Semblablement, comme l'Esprit descendait sous la forme d'une colombe et que la voix du Père retentissait en tout lieu, il fallait que s'élèvent les portes du ciel (cf. ps 23,7). Et voici que les cieux s'ouvrirent et qu'une voix se fit entendre, qui disait: "Celui-ci est mon Fils bien-aimé; en lui j'ai mis tout mon amour. "


Ce Fils bien-aimé, qui apparaît ici-bas, ne s'est pourtant pas séparé du sein du Père: il est apparu sans apparaître. Ce qui apparaissait était différent, car, à ce qu'il semblait, le baptiseur était supérieur au baptisé. C'est pourquoi le Père envoya l'Esprit Saint sur le baptisé. Car, de même que, dans l'arche de Noé, la colombe a manifesté l'amour de Dieu po ur les hommes, ainsi maintenant, l'Esprit, descendant sous cette apparence, pareil à celle qui apportait une pousse d'olivier, s'est arrêté au-dessus de celui à qui il rend témoignage. Pourquoi? Pour que l'on constate avec certitude que c'est bien la voix du Père, et que l'on ajoute foi à la prédiction prophétique annoncée longtemps auparavant. Quelle prédiction? La voix du Seigneur domine les eaux, le Dieu de la gloire déchaîne le tonnerre, le Seigneur domine la masse des eaux (Ps 28,3). Que dit cette voix? Celui-ci est mon Fils bien-aimé; en lui j'ai mis tout mon amour.


Je vous en prie, écoutez-moi attentivement: je veux remonter à la source de la vie et contempler la source d'où jaillissent les guérisons. Le Père de l'immortalité a envoyé dans le mon de son Fils vivant, son Verbe. Celui-ci est venu vers l'homme pour le laver dans l'eau et dans l'Esprit. Il l'a fait renaître pour rendre incorruptibles son âme et son corps, il a éveillé en nous son souffle de vie, il nous a revêtus d'une armure incorruptible.


Je proclame donc, avec la voix du héraut: Venez, toutes les tribus des nations, au bain de l'immortalité! Par ce joyeux message, je vous annonce la vie, à vous qui demeurez encore dans la nuit de l'ignorance. Venez de la servitude à la liberté, de la tyrannie à la royauté, de la corruption à l'incorruptibilité. Vous voulez savoir comment? Par l'eau et par l'Esprit Saint, cette eau par laquelle l'homme régénéré est vivifié, cet Esprit, ton Défenseur, envoyé pour toi, afin de montrer que tu es Fils de Dieu.


Homélie de Grégoire Palamas (+ 1359)

Homélies, 16; PG 151, 198-199.
Jésus baptisé pour nous


Lorsque Dieu voulut manifester et exposer clairement son dessein, qui dépasse toute expression, il envoya du désert Jean, appelé le Précurseur. Celui-ci baptise ceux qui se présentent et les exhorte à croire en celui qui doit venir. Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint (Mt 3,11), dit-il. Il leur enseigne que celui-là est supérieur à lui-même autant que l'Esprit Saint est supérieur à l'eau. Il témoigne, en effet, que celui qui vient est le Maître, le Créateur de l'univers, qui a autorité sur les anges et sur les hommes. Tous les hommes constituent sa moisson spirituelle et il tient la pelle à vanner dans sa main (Mt 3,12), c'est-à-dire évidemment les puissances temporelles.


Sur lui-même, Jean atteste qu'il est seulement le Précurseur de celui qui vient; il désigne également Isaïe comme étant le héraut du Seigneur. Quant à lui, il se proclame le serviteur envoyé pour annoncer à l'avance l'avènement de son maître, et pour préparer les fidèles à l'accueillir, car il dit: Je suis la voix qui crie à travers le désert: Aplanissez le chemin du Seigneur (Jn 1,23).


Jésus vient au baptême pour obéir à celui qui envoya Jean, comme lui-même l'a dit: C'est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement tout ce qui est juste (Mt 3,15). Car son baptême devait le manifester à Israël. Puisqu'il venait pour ouvrir le chemin du salut et assurer aux baptisés qui le suivraient ce que lui-même a montré et révélé: que l'Esprit Saint leur est donné et que, par lui-même, il instituerait le baptême comme un remède pour purifier les souillures provenant de notre origine et de notre vie esclave des sens.


Lui-même, en tant qu'homme, n'avait pas besoin de purification, étant né d'une Vierge sans tache, et toute sa vie étant exempte de péché. Mais, parce que c'est pour nous qu'il est né, c'est aussi pour nous qu'il est purifié. Donc il est baptisé par Jean et, comme il sort de l'eau, les cieux s'ouvrent pour lui, et voici qu'on entend, venant d'en haut, la voix du Père: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en lui j'ai mis tout mon amour (Mt 3,17). Et, pareil à une colombe, l'Esprit de Dieu descend sur lui pour montrer quel est celui qui reçoit ce témoignage du ciel.