Créée le dimanche 02 juin 2024
« Mon cœur se retourne contre moi » (Os 11, 1.3-4.8c-9)
Ainsi parle le Seigneur :
Oui, j’ai aimé Israël dès son enfance,
et, pour le faire sortir d’Égypte, j’ai appelé mon fils.
C’est moi qui lui apprenais à marcher,
en le soutenant de mes bras,
et il n’a pas compris que je venais à son secours.
Je le guidais avec humanité,
par des liens d’amour ;
je le traitais comme un nourrisson
qu’on soulève tout contre sa joue ;
je me penchais vers lui pour le faire manger.
Mais ils ont refusé de revenir à moi :
vais-je les livrer au châtiment ?
Non ! Mon cœur se retourne contre moi ;
en même temps, mes entrailles frémissent.
Je n’agirai pas selon l’ardeur de ma colère,
je ne détruirai plus Israël,
car moi, je suis Dieu, et non pas homme :
au milieu de vous je suis le Dieu saint,
et je ne viens pas pour exterminer.
« Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé. » (Jn 19,37)»
Jésus venait de mourir.
Comme c’était le jour de la Préparation (c’est-à-dire le vendredi),
il ne fallait pas laisser les corps en croix durant le sabbat,
d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque.
Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps
après leur avoir brisé les jambes.
Les soldats allèrent donc briser les jambes du premier,
puis de l’autre homme crucifié avec Jésus.
Quand ils arrivèrent à Jésus,
voyant qu’il était déjà mort,
ils ne lui brisèrent pas les jambes,
mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ;
et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau.
Celui qui a vu rend témoignage,
et son témoignage est véridique ;
et celui-là sait qu’il dit vrai
afin que vous aussi, vous croyiez.
Cela, en effet, arriva
pour que s’accomplisse l’Écriture :
Aucun de ses os ne sera brisé.
Un autre passage de l’Écriture dit encore :
Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé.
Sermon de saint Augustin (+ 430)
Sermon 213, 2b, éd des Mauristes, 5, 942
Je crois en Dieu, le Père tout-puissant. Voyez comme c'est concis, et comme c'est riche! Il est Dieu, et il est Père: Dieu par sa puissance, Père par sa bonté. Que nous avons de la chance: trouver un Père en la personne de notre Seigneur! Croyons donc en lui et attendons tout de sa miséricorde, parce qu'il est tout-puissant. Que personne ne dise: Il ne peut pas pardonner mes péchés. Comment, tout-puissant, ne le pourrait-il pas? Mais tu insistes: Moi, j'ai beaucoup péché! et je te réponds: Mais il est tout-puissant! Et toi: J'ai commis de si grands péchés que je ne puis en être délivré et purifié. Je réponds: Mais lui est tout-puissant!
La rémission des péchés. Si elle n'existait pas dans l'Église, il n'y aurait aucun espoir, car alors nous ne poumons aucunement espérer la vie future ni la libération éternelle. Nous rendons grâce à Dieu qui a fait ce don à son Église.
Voici que vous allez venir à la fontaine sainte, que vous serez purifiés par le baptême, renouvelés par le bain salutaire de la nouvelle naissance. En remontant de ce bain, vous serez sans aucun péché. Tous les péchés passés qui vous poursuivaient seront détruits. Ils étaient semblables aux Égyptiens qui poursuivaient les Israélites jusqu'à la mer Rouge. Que veut dire: jusqu'à la mer Rouge? Jusqu'à cette fontaine, consacrée par la croix et le sang de Jésus Christ. En effet, nous appelons rouge ce qui rougeoie. Or, ne voyez-vous pas que tout ce qui touche à Jésus Christ est rougeoyant? Interrogez les yeux de la foi. Si tu regardes la croix, remarque le sang. Si tu vois celui qui est cloué, vois ce qu'il a versé. Le côté du Christ a été percé par la lance, et notre rançon en a jailli. Voilà pourquoi le signe du Christ imprime sa marque sur le baptême, c'est-à-dire sur l'eau où vous êtes plongés, comme si vous traversiez la mer Rouge.
Vos péchés, ce sont vos ennemis. Ils vous poursuivent, mais seulement jusqu'à la mer. Dès que vous y serez entrés, vous leur échapperez et ils seront détruits, de même que les Israélites s'échappèrent à pied sec, tandis que l'eau engloutissait les Égyptiens. Et que dit l'Écriture? Il n'en resta pas un seul (cf. ps 105,11).
Que vos péchés soient nombreux ou non, qu'ils soient grands ou petits: il n'en restera pas un seul.
Sainte Gertrude d'Helfta (1256-1301)
moniale bénédictine
Le Héraut, Livre III, SC 143 (Œuvres spirituelles, trad. P. Doyère, éd. du Cerf, 1968, p. 189, 191, rev.)
« Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé. » (Jn 19,37)
Un certain vendredi, le jour étant déjà sur son déclin, contemplant l’image du crucifix, et émue à cette vue, Gertrude dit au Seigneur : « Ô mon très doux Amant, combien vous avez souffert pour mon salut en ce jour que moi, hélas ! dans ma totale infidélité, j’ai gaspillé, en le passant à tant d’occupations que j’ai oublié de me remémorer le long du jour, avec ferveur, ô mon Salut éternel, que vous avez souffert pour moi à chaque heure, et que Vous, la Vie d’où vient toute vie, vous êtes mort pour l’amour de mon amour. »
Le Seigneur, du haut de la croix, lui répondit : « Tout ce que tu as négligé de faire, je l’ai fait pour toi et à chaque heure j’ai recueilli dans mon Cœur tout ce que tu aurais dû former dans le tien, et le cumul en a tellement dilaté mon Cœur, que d’un grand désir, j’attendais ce moment où me viendrait de toi cette prière ; car alors, je peux enfin offrir à Dieu mon Père tout ce que j’ai fait pour toi pendant la journée : sans cette prière, en effet, rien de tout cela ne pouvait servir à ton salut. » Par là, on peut voir ce qu’est l’amour tout fidèle de Dieu pour les hommes (…).
Une autre fois qu’elle tenait entre les mains (…) l’image du Christ crucifié, elle comprit que quiconque contemple avec l’attention de la piété l’image de la croix du Christ, le Seigneur le regarde avec une miséricorde si bienveillante que son âme, comme un clair miroir reçoit en elle, par l’effet du divin amour, cette toute délectable image dont la cour céleste se réjouit. Et il y aura pour lui une gloire éternelle future.