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Février 2024 : « La lèpre le quitta et il fut purifié » (Mc 1, 40-45)

Créée le dimanche 02 juin 2024



« La lèpre le quitta et il fut purifié » (Mc 1, 40-45)


En ce temps-là,
un lépreux vint auprès de Jésus ;
il le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit :
« Si tu le veux, tu peux me purifier. »
Saisi de compassion, Jésus étendit la main,
le toucha et lui dit :
« Je le veux, sois purifié. »
À l’instant même, la lèpre le quitta
et il fut purifié.
Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt
en lui disant :
« Attention, ne dis rien à personne,
mais va te montrer au prêtre,
et donne pour ta purification
ce que Moïse a prescrit dans la Loi :
cela sera pour les gens un témoignage. »
Une fois parti,
cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle,
de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville,
mais restait à l’écart, dans des endroits déserts.
De partout cependant on venait à lui.


Homélie de saint Paschase Radbert (+ 860)

Le Christ guérit celui qui croit - -Commentaire sur l'évangile de Matthieu, 5, 8, CCM 56 A, 475-476.


Le Seigneur guérit chaque jour l'âme de tout homme qui l'implore, l'adore pieusement et proclame avec foi ces paroles: « Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier » (Mt 8,2), et cela quel que soit le nombre de ses fautes. Car celui qui croit du fond du coeur devient juste (Rm 10,10). Il nous faut donc adresser à Dieu nos demandes en toute confiance, sans mettre nullement en doute sa puissance.


Et si nous prions avec une foi pleine d'amour, nous bénéficions certainement, pour parvenir au salut, du concours de la volonté divine qui agit en proportion de sa puissance et qui est capable de produire son effet. C'est la raison pour laquelle le Seigneur répond aussitôt au lépreux qui le supplie: « Je le veux » (Mt 8,3). Car, à peine le pécheur commence-t-il à prier avec foi, que la main du Seigneur se met à soigner la lèpre de son âme.


Ce lépreux nous donne un conseil excellent sur la façon de prier. Ainsi ne met-il pas en doute la volonté du Seigneur, comme s'il refusait de croire en sa bonté. Mais, conscient de la gravité de ses fautes, il ne veut pas présumer de cette volonté. Quand il dit que le Seigneur, s'il le veut, peut le purifier, il fait bien d'affirmer ainsi le pouvoir qui appartient au Seigneur, de même que sa foi inébranlable. Car, pour obtenir une grâce, la foi pure et vraie est à bon droit requise tout autant que la mise en oeuvre de la puissance et de la bonté du Créateur.


Par ailleurs, si la foi est faible, elle doit d'abord être fortifiée. C'est alors seulement qu'elle révélera toute sa puissance pour obtenir la guérison de l'âme et du corps. L'apôtre Pierre parle sans aucun doute de cette foi quand il dit: « Il a purifié leurs coeurs par la foi » (Ac 15,9). Si le coeur des croyants est purifié par la foi, nous devons entendre par là la force de la foi, car, comme le dit l'apôtre Jacques, « celui qui doute ressemble au flot de la mer » (Je 1,6).


Mais la foi pure, vécue dans l'amour, maintenue par la persévérance, patiente dans l'attente, humble dans son affirmation, ferme dans sa confiance, pleine de respect dans sa prière et de sagesse dans ce qu'elle demande, est certaine d'entendre en toute circonstance cette parole du Seigneur: « Je le veux ».


En ayant présente à l'esprit cette réponse admirable, nous devons regrouper les mots selon leur sens. Aussi bien le lépreux a-t-il dit pour commencer: « Seigneur, si tu le veux », et le Seigneur: « Je le veux ». Le lépreux ayant ajouté: « Tu peux me purifier », le Seigneur ordonna avec la puissance de sa parole: « Sois purifié » (Mt 8,2-3). Vraiment, tout ce que le pécheur a proclamé dans une vraie confession de foi, la bonté et la puissance divine l'ont aussitôt accompli par grâce.


Un autre évangéliste précise que l'homme qui recouvra la santé était tout couvert de lèpre (Lc 5,12), afin que personne ne perde confiance en raison de la gravité de ses fautes. Car tous les hommes sont pécheurs, ils sont tous privés de la gloire de Dieu (Rm 3,23).


C'est pourquoi, si nous croyons à bon droit que la puissance de Dieu est à l'oeuvre partout, nous devons le croire également de sa volonté. Il veut, en effet, que tous les hommes soient sauvés et arrivent à connaître pleinement la vérité (1Tm 2,4).



Note Biographique
Vers 785, les soeurs de Notre-Dame de Soissons trouvent sur le seuil de leur porte un bébé abandonné. On l'élève du mieux possible, si bien qu'il prend l'habit monastique à Corbie, près d'Amiens en Picardie. Il devient rapidement le conseiller de deux abbés successifs et, à la mort de l'abbé Wala, il devient lui-même abbé. Mais il trouve cette fonction très désagréable et il démissionne au bout de sept ans, refusant toujours d'être élevé à la prêtrise. Il se retire alors à l'abbaye de Saint-Riquier, puis revient à Corbie où il meurt en 860, âgé d'environ 75 ans. Son oeuvre littéraire est abondante et variée: sermons, panégyriques, élégies, biographies, lettres, et surtout le commentaire sur l'évangile de Matthieu, un autre sur les Lamentations de Jérémie, jamais commentées auparavant, et un troisième sur 44 psaumes. Sa lettre Cogitis me est un témoin important de la piété mariale à cette époque. A noter aussi le rôle important qu'il a tenu pour fixer la doctrine catholique sur l'eucharistie.