Créée le dimanche 02 juin 2024
« Je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 25-30)
En ce temps-là,
Jésus prit la parole et dit :
« Père, Seigneur du ciel et de la terre,
je proclame ta louange :
ce que tu as caché aux sages et aux savants,
tu l’as révélé aux tout-petits.
Tout m’a été remis par mon Père ;
et personne ne connaît le Père, sinon le Fils,
et celui à qui le Fils veut le révéler.
et moi, je vous procurerai le repos.
car je suis doux et humble de cœur,
et vous trouverez le repos pour votre âme.
Premier commentaire Homélie de saint Jean Chrysostome (+ 407)
Homélie sur la mémoire de saint Bassus, 2, PG 50, 721-722.
Le Christ est pour nous, aujourd'hui encore, un maître plein de douceur et d'amour. Il ne cesse jamais de prendre soin de notre salut. Il le déclare nettement dans l'Évangile, comme nous venons de le lire: Venez à moi, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de coeur (Mt 11,28-29). Qu'elle est grande, la bienveillance du Créateur! Comment la créature n'est-elle pas saisie de stupeur? Venez à moi, devenez mes disciples, le Maître est venu consoler ses serviteurs déchus.
Voyez comme il agit. Il se montre compatissant pour le pécheur qui mérite pourtant ses rigueurs. La race de ceux qui déchaînent sa colère devrait être anéantie, mais il adresse aux hommes coupables des paroles pleines de douceur: Venez à moi, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de coeur. Dieu est humble, l'homme, orgueilleux. Le juge se montre clément, le criminel, arrogant. L'artisan fait entendre des paroles d'humilité, l'argile discourt à la manière d'un roi. Venez à moi, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de coeur. <> Il n'apporte pas le fouet pour frapper, mais le remède pour guérir.
Songez donc à son ineffable bonté. Allez-vous refuser votre amour au Maître qui jamais ne frappe et votre admiration au juge qui implore pour le coupable? Ses paroles si simples ne peuvent vous laisser insensibles: Je suis le Créateur et j'aime mon oeuvre. Je suis le statuaire et je prends soin de celui que j'ai formé. Si je ne voulais me soucier que de ma dignité, je ne relèverais pas l'homme déchu. Si je ne traitais pas sa maladie incurable avec des remèdes appropriés, jamais il ne pourrait recouvrer la santé. Si je ne le réconfortais pas, il mourrait. Si je ne faisais que le menacer, il périrait. Il gît sur le sol, mais je vais lui administrer les onguents de la bonté. Plein de compassion, je m'incline profondément pour le relever de sa chute. Celui qui se tient debout ne saurait relever un homme couché par terre sans se pencher pour lui tendre la main. Venez à moi, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de coeur.
Je ne fais point étalage de paroles, vous pouvez m'examiner sur mes oeuvres. Vous serez persuadés que je suis doux et humble de coeur, si vous pensez à mon origine. Voyez quelle est ma nature. Songez à ma dignité. Adorez ma bienveillance pour vous. Comparez le séjour d'où je suis venu avec le lieu où je vous parle. Le ciel est mon trône, et je m'entretiens avec vous sur la terre! On me glorifie dans les hauteurs célestes, mais ma longue patience retient ma colère, car je suis doux et humble de coeur.
Second Commentaire : Saint Aelred de Rievaulx (1110-1167)
moine cistercien. Le Miroir de la charité, I, 30-31 (trad. Brésard, 2000 ans A, p. 188) « Vous trouverez le repos »
Ceux qui se plaignent de la rudesse du joug du Seigneur n'ont peut-être pas rejeté complètement le joug si pesant de la convoitise du monde... Dites-moi, quoi de plus doux, quoi de plus reposant que de n'être plus agité par les mouvements déréglés de la chair...? Quoi d'aussi proche de la tranquillité divine que de n'être plus ému par les affronts qui nous sont faits, de n'être effrayé par nul tourment, nulle persécution, mais de garder un calme identique dans le bonheur et le malheur, de voir d'un même œil ennemi ou ami, de se rendre semblable à Celui « qui fait lever son soleil sur les bons et sur les mauvais, et pleuvoir sur les justes et sur les injustes » ? (Mt 5,45)
Tout cela se trouve dans la charité, et rien que dans la charité. C'est de même en elle que résident la vraie tranquillité, la vraie douceur, car c'est elle le joug du Seigneur. Si, à l'invitation du Seigneur, nous le portons, nous trouverons le repos pour nos âmes, car « le joug du Seigneur est doux et son fardeau léger ». C'est que « la charité est patiente, elle est serviable, elle ne s'enfle pas, elle n'agit pas de travers, elle n'est pas ambitieuse » (1Co 13,4-5).
Les autres vertus sont pour nous comme un véhicule pour un homme fatigué, ou comme la nourriture pour un voyageur, ou une lumière pour des gens perdus dans les ténèbres, ou des armes pour un combattant. Mais la charité –- qui doit se trouver dans toutes les vertus pour qu'elles soient des vertus –- est par elle-même, d'une manière toute spéciale, le repos du fatigué, la demeure du voyageur, la pleine lumière pour celui qui parvient au but et la couronne parfaite de celui qui remporte la victoire.